Ça fait tellement longtemps...

Je suis à une genre de retraite pendant cinq jours et j’ai écrit beaucoup depuis mon arrivée. Voici quelques unes de mes pensées…

Dans la nuit de jeudi à vendredi : Ça fait tellement longtemps que je n’ai rien écrit. Autant par manque de temps que par manque d’inspiration. Et maintenant que je me permets de me déposer, je vois que pendant les dernières semaines, j’étais dans le « faire » plutôt que dans le « être ». J’ai accompli plusieurs choses : enseigné un cours universitaire, suivi une formation universitaire, travaillé intensément sur plusieurs projets qui ont tous des dates limites rapprochées, planifié des présentations, géré un projet pilote tout en essayant de maintenir mes routines d’exercice et de méditation au quotidien. Et malgré que je me suis sentie bien dans tout ceci et que j’étais fière de moi d’être capable de gérer le tout, je suis rendue à vivre l’une de mes récompenses de ces plusieurs mois de travail intense et ça ne va pas.

Mon corps physique me parle et me brasse. Je suis censée être rendue à la ligne d’arrivée et d’être en mesure de célébrer, mais l’énergie n’est pas au rendez-vous. C’est juste en m’arrêtant depuis deux jours que je constate à quel point mon corps est fatigué. Il ne se comprend plus. Il veut dormir, mais n’y arrive pas. Il veut se reposer, mais ma tête n’est pas encore prête à ralentir. Mon cerveau bourgeonne d’idées et j’en suis habituellement reconnaissante, mais en ce moment, je suis fatiguée et j’ai besoin d’une pause. Drôle aussi de dire que juste écrire cette phrase est difficile; je ressens de la culpabilité incroyable. On vit tous et toutes des moments plus intenses, surtout depuis les deux dernières années, et je connais plein de gens qui mériteraient une pause plus que moi et je me sens coupable que je peux me le permettre tandis que plusieurs ne peuvent pas. S’occuper de soi. Tellement pas facile, même quand on le peut. Mais si on ne le fait pas, notre corps le fera pour nous. Ça commence par des petits malaises qu’on écoute moindrement et ça s’intensifie. Je connais ce chemin – j’y suis déjà passé plusieurs années passées.

La différence cette fois-ci, c’est que je suis encore plus surprise de me retrouver ici. La dernière fois, je n’allais pas bien depuis un bout et je n’étais pas alignée du tout. Ce soir, je repasse les dernières semaines dans ma tête et je revis plusieurs moments de joie et de gratitude, sauf que je constate qu’on peut s’épuiser même en faisant des choses qui nous passionnent. Depuis des semaines, je n’ai pas le goût de méditer, ni d’écrire. Si vous me suivez depuis un bout, vous savez que ces deux choses m’allument et m’aident énormément. Mais c’est la première fois ce soir que j’ai le goût d’écrire depuis très longtemps. Je vis dans ma tête depuis des semaines et non dans mon cœur. Pourtant, c’est le message que je prêche le plus : « Écoute ton corps. Écoute ton cœur. » Là, je n’ai pas le choix. Mon corps vient de me réveiller dans le milieu de la nuit pour me dire qu’il ne va pas et je n’ai pas le choix de l’écouter. J’ai respiré. J’ai chanté. Et là, il veut que j’écrive, donc j’écoute. Je vis un moment de rêve tout de suite – assise dans un chalet au bord de l’eau et j’entends les vagues tout près. Je suis dans un lieu paradisiaque avec des gens qui, comme moi, veulent connecter davantage et j’ai de la difficulté à me déposer. Ça fait un peu trop longtemps que j’ai laissé ma tête guider mes décisions et non mon cœur. Mais que faire avec cette culpabilité que je ressens? Je l’accueille. Je la remercie. Je me pardonne. Tomber, c’est humain. Se relever, c’est divin. Ce n’est pas la première fois que je tombe (et ce ne sera pas la dernière!), mais cette fois, je ne suis pas tombée aussi loin que dans le passé et ça, c’est une réussite. De plus, je sais quoi faire pour me relever. Une minute à la fois, je m’écoute. Qu’est-ce que j’ai de besoin dans ce moment? Et j’accueille la réponse jusqu’au prochain moment en douceur. À suivre…  

Dimanche matin : Je viens de relire ce que j’ai écris plus haut et je suis tellement contente de l’avoir écrit, car je vois, même après juste deux jours, que ça va mieux. Quand on s’écoute et qu’on se prend soin, les choses se remettent en place. Est-ce que la guérison est finie? Pas du tout! Mais je me suis recentrée et je suis prête à continuer mon cheminement en suivant mon coeur plutôt que ma tête. Et je perderai encore mon chemin à un moment donné, mais c’est ça la vie.. se ramène à l’essentiel.