Apprendre à s'écouter

En septembre 2016, mon médecin me posait un diagnostic d’épuisement professionnel, un diagnostic que je m’étais promis de ne jamais vivre. Un diagnostic qui me fâcha énormément. Un diagnostic qui, trois ans après, j’apprécie tellement, car au travers de cette épreuve, je me suis retrouvée. Aujourd’hui, je vous partage une petite partie de ma guérison.

Évidemment, un épuisement professionnel ne se développe pas tout d’un coup. C’est une accumulation de plusieurs semaines, plusieurs mois et même plusieurs années de ne pas s’écouter. De même, ça ne se guérit pas rapidement (malgré que c’est ce que je pensais).

Après quelques semaines de déni, je me suis fait plusieurs rendez-vous avec des services externes (massothérapie, acupuncture, naturopathe, conseiller de mieux-être, nutritionniste…), car je savais que je devais faire des changements. Par contre, sans le constater, je tentais seulement de changer les symptômes physiques et les facteurs externes. Le rétablissement d’un épuisement est un peu plus complexe que ça. 

Justement, malgré la panoplie de services externes que je consultais, je ne me sentais pas mieux, mais j’allais travailler avec un sourire aux lèvres en essayant de me convaincre que j’étais correcte. Par contre, après quelques semaines, je n’étais plus capable de jouer le jeu. Peu de temps après, mon mari osa me confronter en douceur en me partageant ses observations quant à mon état d’âme. Je me sentais prise : si lui était capable de voir que je n’étais pas bien, les autres s’en apercevraient assez rapidement. 

C’est à ce moment que je savais que je devais agir encore plus vite. Bref, je devais revenir à l’essentiel. Je devais me ressourcer et je savais exactement où je devais aller pour le faire. 

Près de chez-moi, il y a un site tout à fait magique. La Solitude est un lieu de ressourcement qui se fait entièrement en silence. Situé sur une terre qui englobe trente-huit acres près de la belle rivière Petitcodiac, on y retrouve plusieurs petites cabanes ayant chacune un lit simple, un poêle à bois, une chaise à berceuse et une plaque chauffante. La bouffe offerte est aussi en toute simplicité : pain, fromage, fruits, noix, fromage. Sur le site, on exige le silence au complet afin de se permettre d’aller vraiment à l’intérieur. Pas de musique, pas de lecture, pas de conversation. Je suis donc partie seule avec mon calepin et mon crayon. 

Autant que j’aimerais bien vous dire que je suis sortie du bois avec toutes les réponses à mes questions et l’esprit bien illuminé, ce n’est pas du tout le cas parce qu’en gros, j’ai constaté que je ne me posais même pas les bonnes questions. Je cherchais les réponses à l’extérieur de moi sans même savoir qu’est-ce que je cherchais au départ. Finalement, je n’avais pas besoin de changer complètement ma vie. Je devais changer les perceptions que j’avais de ma vie. 

Je vivais, et je vis encore, une vie incroyable, mais je ne voyais pas toute la beauté qui m’entourait. En sortant des bois, je savais ce que je devais faire : pas de gros changements, mais plusieurs petits changements afin de cultiver une joie de vivre au quotidien dans le but de m’écouter. Je devais retravailler ma routine au complet (ma routine matinale, ma routine du dimanche et surtout ma routine au travail) afin de me prioriser. Par contre, je ne savais pas par où commencer. Je savais que j’étais prise dans de vieilles habitudes (au travail et à la maison) qui ne me permettaient pas d’évoluer, de changer ou de cheminer et je ne pouvais pas évoluer si je ne prenais pas le temps de m’asseoir et de réfléchir. Je rentrerais à l’école à 8h et je n’arrêtais pas jusqu’à 17h. Et si j’arrêtais, je me sentais coupable. Bref je ne vivais pas le moment présent ni à la maison, ni au travail. Je n’étais pas authentique.

Donc, comment procéder? Par où commencer?

La réponse était simple en principe : un petit changement à la fois. J’ai donc retravaillé ma routine au complet afin d’y inclure plus de joie au quotidien. Je savais que ce ne serait pas facile et que je devais me pousser et me questionner constamment, mais ce n’était plus une option. Trois ans plus tard, je vous avoue que c’est encore à travailler. J’ai changé plusieurs choses dans ma routine et je me sens TELLEMENT mieux, mais il y a toujours de la place à l’amélioration, n’est-ce pas?

Justement, j’ai vécu une situation quelques jours passés qui m’a forcé de prendre un moment de recul. Dans ces moments, j’accueille mes émotions, je m’écoute et je me pardonne. Je suis loin d’être parfaite, mais je sais que quand mon verre déborde, je dois prendre une pause et me questionner afin de savoir qu’est-ce qui pourrait m’aider à ce moment-là. Pas toujours dans le fond des bois, mais souvent, juste un petit moment de recul peut faire énormément de bien afin de s’écouter pour savoir comment procéder. Parfois, la réponse est simple (prendre une marche, se coucher tôt, prendre un café avec une amie) et parfois, c’est un peu plus complexe. L’important, c’est choisir de s’écouter et de se prioriser.